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Non-conformité contre l'établi et le conventionnel
Soutenue par une trajectoire déjà considérable, qui permet de parler de chemins parcourus, d’étapes accomplies et consumées, de longs acharnements et expérimentations, l’œuvre de Marc Dufour, sans cesse en constant renouvellement, revient pour cette exposition au Musée des Beaux Arts de Castellón, à la figure humaine, comme s’il s’agissait d’un paysage épidermique, dans lequel se submerger et naviguer vers d’autres mondes. Sobres en éléments, hautement suggestives et soigneusement réalisées, ce sont des compositions qui enseignent et nous parlent, qui suggèrent de nombreuses sensations; silence, calme, amour, lutte, affection, sensualité, dialogue, passion… tout cela modulé par une lumière et des ombres que l’auteur cherche et trouve avec une grande habileté visuelle. Des œuvres qui illustrent la minutie avec laquelle Marc observe, puis réduit, emprisonne ou libère, traduisant un paysage concret, en hommage à la nature, mère, maîtresse et source inépuisable d’inspiration. Une poésie d’une grande sensibilité, suggestive, de haute portée, au-delà de modes passagères et transitoires, parfois tragique, d’autres intimiste et même provocante, mais toujours cohérente et crédible, que l’auteur a affinée avec le temps, celle-ci devenant de plus en plus exquise et exigeante, cherchant la profondeur du contenu, l’équilibre de la composition, la contention chromatique.
En fait, la finalité ultime de ces œuvres est celle de transmettre une émotion profonde, intense, due à des raisons peut-être inconnues, mais qui laissent au spectateur une absolue liberté interprétative, lui permettant de les faire siennes et les incorporer à sa propre existence. Des photographies capables de suggérer par elles-mêmes, indépendamment de la volonté initiale de son auteur, et qui donnent pied à la réflexion, à travers le sentiment.
Partant de cette réflexion, impulsée par la créativité, l’artiste ressurgit et surgit l’exposition qui s’offre devant nous, mais aussi une question: face à l’œuvre de Marc Dufour, pouvons-nous penser que la photographie est un simple outil pour faire de l’Art?
Ferran Olucha Montins | Germán Ribes
Museo de Bellas Artes de Castellón